Malgré l’appel à l’unité nationale lancé par Emmanuel Macron au cours de son allocution hier soir à Mulhouse, l’exécutif doit désormais composer avec une perte de confiance durable dans l’opinion. Selon un sondage Elabe-Berger Levrault pour BFMTV publié le 25 mars, le jugement d’une mauvaise gestion de la crise est désormais majoritairement partagé par les sondés à 56%, en progression de 14 points depuis le 17 mars. 73% des Français estiment que l’exécutif a trop tardé à prendre les mesures nécessaires quand 68% d’entre eux considèrent que celui-ci n’a pas pris assez de précautions pour limiter la propagation.
Cette progression est une conséquence logique de la réouverture de clivages bien installés dans l’opinion sur le social – concernant le droit de retrait des salariés non-confinés et l’application égalitaire du confinement – ou encore sur l’opposition entre Paris et la Province. L’opposition, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, en passant par le PS et LR, est décidée à sortir du silence et à reprendre la main sur l’agenda politique, notamment au Parlement. L’union sacrée qui semblait devoir découler naturellement du caractère urgent des circonstances et du très large consensus autour du confinement (93% des Français le jugeant nécessaires) paraît désormais bien moins assurée qu’en Italie – où 71% des électeurs portaient un jugement positif sur l’action du président du Conseil des ministres Giuseppe Conte le 19 mars dernier.