Après les « gestes barrières » et la « distanciation sociale », c’est au tour du « déconfinement » de faire son apparition dans la conversation courante des Français. L’expression, anecdotique avant le 26 mars, connaît depuis une envolée exponentielle : plus de 42 000 mentions sur Twitter, dont 15 000 pour la seule journée du 1er avril. Un peu plus de deux semaines après le début de ce confinement dont ils égrènent les jours chaque jour sur les réseaux sociaux sous forme de hashtags comme sur le mur d’une prison (« #ConfinementJour17 »), les Français seraient-ils pressés de retourner dehors ? Auparavant présenté de manière menaçante, en étant souvent associé au risque d’une seconde vague de l’épidémie, le déconfinement s’est vu approprié par l’opposition qui en fait un nouveau symbole de l’incurie de l’exécutif, jusqu’à l’annonce hier par le Premier Ministre devant le Sénat d’un déconfinement régionalisé et par tranche.
Si la perspective est encore floue, et réjouis quelques-uns après l’alerte de la Croix Rouge sur les risques de dépression liés à un confinement trop long, celle-ci ne va pas sans susciter l’appréhension des autres qui craignent une recrudescence du Covid-19 après la levée de ces mesures. Du côté des médecins et des soignants actifs sur Twitter, on s’indigne de voir le sujet déjà sur la table, alors même que le pic de l’épidémie ne s’est pas encore produit dans l’Hexagone. Au risque, selon eux, de relativiser son imminence et sa gravité, et, ainsi, de démobiliser la population. Les yeux ne pourront cependant pas s’empêcher de se tourner vers l’Italie, qui esquisse d’ores et déjà la levée de ses mesures de quarantaine à horizon de quinze jours. Un exemple à suivre de près, tant la trajectoire italienne et celle de la France paraissent indubitablement liées depuis le début de l’épidémie. (Jean-Baptiste Delhomme).