Le hashtag fait partie intégrante de la panoplie du communicant politique. Cri de ralliement ou mot clef au sens propre du terme, celui qui invente de nouveaux sujets de conversation et donne accès à de nouveaux espaces de discussion, inventé pour l’occasion, emprunté à d’autres ou détourné de son sens initial, le hashtag peut se faire injonction ou encore slogan : sa plasticité le rend propre à une multitude d’usages.
En temps de crise, il est un outil précieux pour appeler à l’union malgré le déferlement des polémiques, et parfois même rappeler à l’ordre. Aussi l’exécutif n’en a-t-il pas été avare ces dernières semaines. Tandis que le Président de la République vante la #FranceUnie, les ministères se disent, quant à eux, #TousMobilisés. Contre les facteurs de division, la geste gouvernementale préfère faire la part belle aux « #HérosDuQuotidien », fonctionnaires, soignants, militaires et policiers, travailleurs exposés et volontaires qui, par solidarité et sens civique, s’exclament : « #JeVeuxAider », tous proposés à l’admiration des Français. Au sein du Gouvernement, quelques voix singulières s’élèvent. Le ministère de l’Éducation promeut son opération #NationApprenante pour la #ContinuitéPédagogique, quand celui de la Culture voudrait plus de #CultureChezNous. Par crainte d’un relâchement pédagogique ?
De même, à l’instar du ministère de la Santé, le ministère du Sport, confronté aux joggeurs impénitents et aux Français qui se découvrent aujourd’hui une passion pour les sports d’extérieur, demande que chacun reste chez soi (#RestezChezVous). De son côté, le ministère de l’Ecologie appelle à la #MobilisationGénérale, un mot d’ordre qui s’applique aussi bien à l’urgence climatique qu’à l’endiguement du Covid-19. Pour les ministères culturels, éducatifs et sociaux, ou en prise avec des enjeux de long terme, et qui pourraient paraître devoir passer au second plan à cause de l’urgence des circonstances, l’enjeu est aussi de continuer à exister, de continuer à faire vivre leur voix particulière dans un espace politique et médiatique monopolisé par la pandémie. Une manière pour les ministères non-régaliens de montrer qu’ils sont, eux aussi, en première ligne de la gestion de la crise.