L’extrême-droite refait bloc autour de la question des banlieues

Les émeutes qui surviennent en banlieues ces jours-ci permettent ainsi aux différentes composantes de l’extrême-droite de refaire bloc autour de ses thèmes et des clivages qui nourrissent sa grille de lecture commune, sécuritaire et identitaire.
l’extreme-droite refait bloc autour de la question des banlieues

Avec le retour de la question des banlieues sur le devant de la scène médiatique à la suite des événements de la Courneuve et de Villeneuve-la-Garenne, la mouvance d’extrême-droite en ligne (la fameuse « fachosphère ») a retrouvé au cours des derniers jours une dynamique qui a semblé lui faire défaut depuis ces dernières semaines. Après avoir stipendié le supposé non-respect du confinement lors de son entrée en vigueur par les personnes d’origine étrangère, notamment dans les banlieues, la mouvance d’extrême-droite a paru se diviser à de multiples reprises sur la tournure prise par les événements. Fallait-il critiquer un manque d’autorité de l’exécutif dans l’application du confinement ? Un retard à l’allumage dû à la faiblesse d’action dont les démocraties seraient affligées consubstantiellement par rapport aux régimes autoritaires asiatiques ? Ou, au contraire, dénoncer des mesures contraires aux libertés individuelles et économiques, à l’instar de Donald Trump aux Etats-Unis et de Jair Bolsonaro au Brésil ?

De même, le débat sur la chloroquine a paru fracturer ce bloc politique bien moins uni qu’il n’y paraît, entre les tenants d’une approche alternative des enjeux de santé (proches parfois de théories complotistes) et ceux qui ont fait de la science, et notamment de théories racialistes controversées, des composantes essentielles de leurs grilles de lecture politique. A l’opposé de l’extrême-gauche, qui s’est mobilisée avec force autour des questions de santé des travailleurs exposés, de l’inégalité face au confinement ou encore contre les politiques d’austérité budgétaire, responsables selon elle de la situation sanitaire actuelle, la “fachosphère” a souvent paru réagir à contre-temps, se contentant de prêter sa voix aux discours entonnés par les autres oppositions. Celle-ci n’est même pas apparue en capacité de récupérer et de mettre en haut de l’agenda médiatique l’attaque de Romans-sur-Isère le 4 avril dernier, qui faisait pourtant écho à ses propres thèmes.

Les émeutes qui surviennent en banlieues ces jours-ci permettent ainsi aux différentes composantes de l’extrême-droite de refaire bloc autour de ses thèmes et des clivages qui nourrissent sa grille de lecture commune, sécuritaire et identitaire. Un nouveau clivage qui se réveille et ne peut qu’affaiblir un peu plus les appels à l’unité nationale qui la rendait inaudible jusqu’ici.

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