Parmi les interdictions qui resteront en vigueur jusqu’au 2 juin prochain, celle des cérémonies religieuses (hors funérailles en comité réduit) n’en finit plus de susciter le mécontentement de la part de certains catholiques français.
Leurs réactions à l’instar de celles émanant d’autres franges de l’opinion (du monde du sport ou de la culture), également mécontentes des mesures du plan de déconfinement annoncé par le Premier Ministre, offrent un exemple singulier de lobbying, y compris digital. De nombreux catholiques avaient en effet revendiqué de pouvoir se réunir dans leurs églises à l’occasion de la fête de la Pentecôte, après avoir été privés de célébrations durant la Semaine Sainte. Si le comité permanent de la Conférence des Evêques de France se garde bien de s’opposer trop frontalement au gouvernement tout en affichant son mécontentement, se contentant de « prendre acte avec regret » de cette annonce, certains d’entre eux se démarquent de cette position prudente comme Mgr Aupetit, archevêque de Paris, pour qui « aller à la messe, ce n’est pas aller au cinéma », tout comme certains prêtres actifs sur les réseaux sociaux. La fronde semble particulièrement vive parmi les fidèles les plus militants et les plus conservateurs, notamment à l’égard de leurs représentants religieux, jugés trop timorés, qu’ils appellent à prendre position plus franchement contre l’exécutif.
Cette opposition a trouvé une chambre d’écho particulière sur le web et les réseaux sociaux. Outre le lancement de pétitions en ligne sur des espaces en ligne disparates et les appels à protester sur le site de l’Elysée pour peser sur la décision de l’exécutif, le hashtag #RendezNousLaMesse agrège les expressions de mécontentement, notamment au sein de la mouvance intégriste, qui cultive historiquement des relations tendues avec l’ordre républicain, et en particulier avec la présidence d’Emmanuel Macron. Depuis l’entrée en vigueur du confinement, celle-ci s’était manifestée comme l’une des franges les plus militantes à l’encontre du confinement. L’affaire de la « messe clandestine » de Saint Nicolas du Chardonnet la veille de Pâques, qui avait suscité un très grand retentissement et une forte indignation, avait singulièrement mise en lumière cette dernière et manifesté son isolement dans l’opinion.
Passé l’étape du confinement, la revendication de la reprise du culte, loin d’être limitée aux catholiques les plus traditionalistes, trouve un certain écho à droite et dans la mouvance conservatrice. Bruno Retailleau, Sénateur de la Vendée et président du groupe LR au Sénat, s’est élevé dans un tweet contre une atteinte à « la liberté religieuse », et écrit au ministre de l’Intérieur pour lui demander d’autoriser les rassemblements religieux le 11 mai. Ces oppositions coalisées, religieux et conservateurs, opposent à l’interdiction des cérémonies publiques la réouverture des écoles et celles des commerces. Et alimentent par là un discrédit sur la rationalité du plan de déconfinement qui risque de dépasser le rang des seuls fidèles