“Jour d’après” : la France déconfinée angoisse

Le hashtag #Zara, sur lequel des photos et des vidéos de files d’attentes interminables ou montrant des foules massées dans des magasins de vêtements dès le lundi matin, s’est imposé comme l’un des principaux sujets de discussion au premier jour du déconfinement, s’élevant au rang de symbole de l’égoïsme supposément enraciné dans la population française.
“jour d’apres” : la france deconfinee angoisse

Après deux mois d’attente, à quoi ressemble finalement ce fameux “jour d’après” ? Pour les Parisiens qui se sont pressés sur les bords du canal Saint-Martin, pour les clients des centres commerciaux et ceux des enseignes de fast food, le déconfinement est apparu comme une libération et comme l’occasion de renouer avec les formes de sociabilité et de consommation de la “vie d’avant” en rattrapant le temps perdu.

A une différence près cependant : les tombereaux de réactions critiques à leur encontre qui se déversent sur les réseaux sociaux pour stigmatiser ces comportements autrefois anodins, devenus désormais prétendument asociaux et inconscients. Le hashtag #Zara, sur lequel des photos et des vidéos de files d’attentes interminables ou montrant des foules massées dans des magasins de vêtements dès le lundi matin, s’est imposé comme l’un des principaux sujets de discussion au premier jour du déconfinement, s’élevant au rang de symbole de l’égoïsme supposément enraciné dans la population française. Et comme une preuve de la nécessité de faire preuve de fatalisme à l’égard d’une “deuxième vague” qui serait inéluctable, du fait du manque de précautions prises par leurs concitoyens.

Autres sujets d’inquiétude : l’école tout d’abord, dont la reprise suscitait tant et tant de craintes de la part des professeurs, des parents d’élèves et des acteurs du monde éducatif. Les images des enfants séparés dans les cours de récréation ont donné corps aux commentaires qui s’élevaient ces derniers jours contre des règles qualifiées d’absurdes pour organiser la distanciation sociale entre les enfants à l’école.

Les photos et vidéos de rames de transports bondées enfin, rythment désormais chaque matinée les conversations les plus animées sur les réseaux sociaux, à l’heure où les bureaux se remplissent à nouveau. Les images de personnes entassées dans les rames, qui suscitaient déjà en temps normal un certain mal-être et un certain sentiment de révolte, nourrissent désormais une peur diffuse d’une reprise des contaminations. Après les caissières et les livreurs, les employés et les cadres qui reprennent le travail sont eux aussi désormais des travailleurs exposés. Loin de la fête que d’aucuns se figuraient pour marquer la décrue de l’épidémie et le retour des beaux jours, l’angoisse prédomine donc. Un sondage Harris Interactive pour LCI publié ce week-end, à quelques heures de la levée des mesures les plus restrictives, indiquait que 72% des sondés s’attendaient à un deuxième confinement. Une perspective qui est loin de pouvoir ramener l’optimisme au sein de la société française.

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Le lecteur a compris que cet article est destiné à être archivé pour en rire dans deux ans : il y a forcément quelque chose qui va craquer dans ce fragile édifice. Surtout, il est basé sur l’hypothèse que le processus se déroule à peu près normalement sans effondrement de l’ordre social et politique. Ce qui veut dire que nous serons très heureux si cet article fait rire dans deux ans.