Alors que le conflit fait rage en Ukraine et occupe logiquement la sphère médiatique, les candidats à l’élection présidentielle française tentent de continuer à faire campagne. A l’image de Marine Le Pen qui s’est rendue jeudi 3 mars sur France 2 pour participer à l’émission « Elysée 2022 ». La candidate Rassemblement national a notamment regretté l’impact de l’invasion russe en Ukraine sur l’envolée du prix du gaz. D’après elle, le prix serait « quatre fois plus cher qu’il ne l’était il y a quelques semaines ». C’est faux, aussi bien à l’échelle européenne qu’à l’échelle française.
Le constat est clair : les cours des matières premières explosent ces dernières semaines. Invitée de l’émission « Elysée 2022 » jeudi dernier, Marine Le Pen y a dénoncé « l’augmentation des prix », et notamment celui du gaz, à la faveur des « profiteurs de guerre ». Selon la candidate au scrutin présidentiel, l’envolée du prix du gaz serait en effet étroitement liée au conflit armé en cours en Ukraine. La guerre initiée par Vladimir Poutine impacterait les marchés européens, avec comme conséquence « le prix du gaz quatre fois plus cher qu’il ne l’était il y a quelques semaines », aux dires de la députée française.
Commençons par vérifier les affirmations de Marine Le Pen au niveau européen. Pour ce continent, il convient de se référer au Title Transfer Facility (TTF) néerlandais. Le mercredi 2 mars, cet indicateur a explosé. Le prix du gaz naturel s’est vendu jusqu’à 194,715 euros le mégawattheure (MWh), pour terminer à 165 euros. Du jamais vu pour l’Union européenne, qui importe 40% de son gaz naturel de la Russie. Marine Le Pen semble donc dire vrai.
Cependant, le prix du gaz avait déjà augmenté les semaines précédentes. Vladimir Poutine a commencé l’invasion de l’Ukraine le 24 février. Les sept jours auparavant, le gaz se vendait entre 70 et 80 euros le MWh. Soit, « seulement » deux fois moins cher. Il faut remonter bien amont de cette guerre, à l’été 2021, pour retrouver du gaz quatre fois moins cher.
Place désormais à l’Hexagone, dont la Russie représente 20% des importations de gaz naturel. Il est actuellement délicat d’obtenir des chiffres officiels. Bruno Le Maire s’est toutefois exprimé à ce sujet. « La France constate actuellement une hausse du prix du gaz de l’ordre de 10% depuis le début de la crise en Ukraine. Donc on n’est pas dans une flambée multipliée par deux, par trois ou par quatre », précise le ministre de l’Economie.