Cinq questions à François-Bernard Huyghe sur l’art de la guerre idéologique

Date

12 janvier 2020

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Résumé

Plus personne ne croit, comme à la la fin du XX° siècle, qu’une des deux grandes utopies opposées doive l’emporter bientôt : ou bien le communisme ou bien la société libérale d’abondance, avec fin de l’histoire. Il y a un mythe pour lequel certaines minorités sont encore prêtes à donner leur vie : le califat djihadiste promet le salut de l’âme et la conquête de la Terre qui devra se soumettre à la loi divine. Il ne sépare pas guerre idéologique de guerre tout court.

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12 janvier 2020

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Plus personne ne croit, comme à la la fin du XX° siècle, qu’une des deux grandes utopies opposées doive l’emporter bientôt : ou bien le communisme ou bien la société libérale d’abondance, avec fin de l’histoire. Il y a un mythe pour lequel certaines minorités sont encore prêtes à donner leur vie : le califat djihadiste promet le salut de l’âme et la conquête de la Terre qui devra se soumettre à la loi divine. Il ne sépare pas guerre idéologique de guerre tout court.

On parle d’un épuisement des grands récits, d’un désenchantement vis-à-vis des mythes mobilisateurs. Parler d’idéologie en 2020 est-il encore d’actualité ?

François-Bernard Huyghe : Plus personne ne croit, comme à la la fin du XX° siècle, qu’une des deux grandes utopies opposées doive l’emporter bientôt : ou bien le communisme ou bien la société libérale d’abondance, avec fin de l’histoire. Il y a un mythe pour lequel certaines minorités sont encore prêtes à donner leur vie : le califat djihadiste promet le salut de l’âme et la conquête de la Terre qui devra se soumettre à la loi divine. Il ne sépare pas guerre idéologique de guerre tout court.

Un autre mythe se répand, surtout chez les jeunes, la terreur climatique : ou bien nous freinons le réchauffement (mais comment ? par des «modes de vie » par des changements politiques autoritaires imposant la pénurie ?) ou tous les vivants périssent. C’est plutôt une dystopie (le contraire d’utopie) : un monde effroyable auquel nous pouvons, au mieux, espérer échapper.

Enfin les catégories droite/gauche sont rendues obsolètes par la monté des populismes. Ils réclament à la fois la sécurité et la protection de leur identité par l’autorité du peuple. Face à eux, les progressistes sont le parti du plus du même : plus de libéralisme économique et de libéralisme « sociétal », plus d’ouverture au monde, plus de droits individuels ou communautaires, plus de gouvernance, etc. Les premiers vivent dans la colère : ce qu’ils aiment disparait, dont la Nation. Les seconds vivent dans la peur : tout allait si bien et voilà que les populistes ou les pays illibéraux répandent des « fantasmes »!

Lire la suite sur l’Observatoire du journalisme.

On parle d’un épuisement des grands récits, d’un désenchantement vis-à-vis des mythes mobilisateurs. Parler d’idéologie en 2020 est-il encore d’actualité ?

François-Bernard Huyghe : Plus personne ne croit, comme à la la fin du XX° siècle, qu’une des deux grandes utopies opposées doive l’emporter bientôt : ou bien le communisme ou bien la société libérale d’abondance, avec fin de l’histoire. Il y a un mythe pour lequel certaines minorités sont encore prêtes à donner leur vie : le califat djihadiste promet le salut de l’âme et la conquête de la Terre qui devra se soumettre à la loi divine. Il ne sépare pas guerre idéologique de guerre tout court.

Un autre mythe se répand, surtout chez les jeunes, la terreur climatique : ou bien nous freinons le réchauffement (mais comment ? par des «modes de vie » par des changements politiques autoritaires imposant la pénurie ?) ou tous les vivants périssent. C’est plutôt une dystopie (le contraire d’utopie) : un monde effroyable auquel nous pouvons, au mieux, espérer échapper.

Enfin les catégories droite/gauche sont rendues obsolètes par la monté des populismes. Ils réclament à la fois la sécurité et la protection de leur identité par l’autorité du peuple. Face à eux, les progressistes sont le parti du plus du même : plus de libéralisme économique et de libéralisme « sociétal », plus d’ouverture au monde, plus de droits individuels ou communautaires, plus de gouvernance, etc. Les premiers vivent dans la colère : ce qu’ils aiment disparait, dont la Nation. Les seconds vivent dans la peur : tout allait si bien et voilà que les populistes ou les pays illibéraux répandent des « fantasmes »!

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