Six ans après les révélations de Snowden, la machine bigbrotherienne tourne toujours
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Et Snowden continue à nous avertir : attention à telle application, prenez telle précaution... Ce que nous ne ferons sans doute guère.
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Et Snowden continue à nous avertir : attention à telle application, prenez telle précaution... Ce que nous ne ferons sans doute guère.
Même quand Trump ne tweete pas, ses conversations du bureau ovale se retrouvent sur la place publique. À propos de coups de téléphone à Zelensky ou du projet, vrai ou supposé, d’envoyer une bombe atomique sur un ouragan, il semble hors d’état de conserver le moindre secret.
Les lanceurs d’alerte, nous rappellent qu’un système bureaucratique, comme l’État, qui archive tout, est à la merci d’un membre de l’organisation pris de scrupule. Autrefois, un whislteblower a pu sortir des milliers de photocopies (D. Ellsberg, révélant les papiers du Pentagone en 1971) ; avec Edward Snowden, on a vu fuiter des millions de documents numériques décrivant la surveillance planétaire de l’intérieur.
Snowden
Et, justement, Snowden revient dans l’actualité par un livre et force interviews (dont une où il rappelle ironiquement qu’il adorerait se voir accorder l’asile politique en France). Brillant, ayant inspiré plusieurs films, gardant un incroyable moral après six ans d’exil en Russie, l’Américain pourchassé est devenu un symbole : l’homme qui défend les citoyens contre l’organisation à laquelle il avait initialement promis silence et fidélité. Et qui en paye le prix de sa liberté. Mais le plus fascinant, au-delà de la dimension morale, est la performance intellectuelle réalisée par un jeune analyste, un geek passé par la CIA, la NSA et des sous-traitants des grandes agences d’espionnage.
Ses mémoires décrivent la confrontation à un système. Comprendre ce qu’il faisait et ce que faisaient avec lui des milliers de brillants cerveaux employés par la machine, fut son premier défi. Snowden est un grand amateur de Rubikscub et, d’une certaine façon, il a du reconstituer une figure sur plusieurs faces. Outre le fait qu’une machine à violer les secrets prend d’énormes précautions pour protéger les siens tout en conservant l’accès à une masse de données inimaginable, il y a d’abord le rapport entre l’appareil d’État, avec ses multiples agences, et les grands du Net : un compromis historique entre deux structures qui vivent et exploitent à des fins différentes, les milliards données qui permettent d’en savoir plus sur nous que nous en savons nous-mêmes.
Il y a ensuite le fait que le système ne fonctionne pas de façon « simplement » bigbrothérienne, en enregistrant tout ce que nous faisons et exprimons. Il travaille à une échelle gigantesque, allant prendre tantôt dans les ordinateurs par où transitent nos message, tantôt physiquement là par où passent les flots numériques. Il collecte, certes, des contenus significatifs extraits de tout ce que nous échangeons, des messages – mais aussi des métadonnées qui renseignent le lieu, les interlocuteurs, les conditions de l’échange. Puis tout devient affaire de corrélation et d’anticipation.
La machine tourne toujours
Le premier exploit de Snowden, celui qui lui a pris des mois, fut moins de déterminer qui viole nos droits ou pour quelle finalité, que de comprendre comment tout est identifié, connu, rassemblé, traité pour en extraire du sens et de la prévision, et finalement partagé entre les services qui sont censés en faire quelque chose. L’autre grand exploit est d’avoir réussi à sortir des données compréhensibles sur un support physique, mais aussi d’avoir contacté de grands médias (surtout le Guardian), les avoir convaincus qu’il n’était pas un mythomane, et transmis ses révélations sans se faire intercepter.
Et Snowden continue à nous avertir : attention à telle application, prenez telle précaution… Ce que nous ne ferons sans doute guère. Six ans après ses révélations, la machine tourne toujours, sans doute, dans notre connaissance impuissante de leur connexion inutile, sous Trump comme sous Obama.
Même quand Trump ne tweete pas, ses conversations du bureau ovale se retrouvent sur la place publique. À propos de coups de téléphone à Zelensky ou du projet, vrai ou supposé, d’envoyer une bombe atomique sur un ouragan, il semble hors d’état de conserver le moindre secret.
Les lanceurs d’alerte, nous rappellent qu’un système bureaucratique, comme l’État, qui archive tout, est à la merci d’un membre de l’organisation pris de scrupule. Autrefois, un whislteblower a pu sortir des milliers de photocopies (D. Ellsberg, révélant les papiers du Pentagone en 1971) ; avec Edward Snowden, on a vu fuiter des millions de documents numériques décrivant la surveillance planétaire de l’intérieur.
Snowden
Et, justement, Snowden revient dans l’actualité par un livre et force interviews (dont une où il rappelle ironiquement qu’il adorerait se voir accorder l’asile politique en France). Brillant, ayant inspiré plusieurs films, gardant un incroyable moral après six ans d’exil en Russie, l’Américain pourchassé est devenu un symbole : l’homme qui défend les citoyens contre l’organisation à laquelle il avait initialement promis silence et fidélité. Et qui en paye le prix de sa liberté. Mais le plus fascinant, au-delà de la dimension morale, est la performance intellectuelle réalisée par un jeune analyste, un geek passé par la CIA, la NSA et des sous-traitants des grandes agences d’espionnage.
Ses mémoires décrivent la confrontation à un système. Comprendre ce qu’il faisait et ce que faisaient avec lui des milliers de brillants cerveaux employés par la machine, fut son premier défi. Snowden est un grand amateur de Rubikscub et, d’une certaine façon, il a du reconstituer une figure sur plusieurs faces. Outre le fait qu’une machine à violer les secrets prend d’énormes précautions pour protéger les siens tout en conservant l’accès à une masse de données inimaginable, il y a d’abord le rapport entre l’appareil d’État, avec ses multiples agences, et les grands du Net : un compromis historique entre deux structures qui vivent et exploitent à des fins différentes, les milliards données qui permettent d’en savoir plus sur nous que nous en savons nous-mêmes.
Il y a ensuite le fait que le système ne fonctionne pas de façon « simplement » bigbrothérienne, en enregistrant tout ce que nous faisons et exprimons. Il travaille à une échelle gigantesque, allant prendre tantôt dans les ordinateurs par où transitent nos message, tantôt physiquement là par où passent les flots numériques. Il collecte, certes, des contenus significatifs extraits de tout ce que nous échangeons, des messages – mais aussi des métadonnées qui renseignent le lieu, les interlocuteurs, les conditions de l’échange. Puis tout devient affaire de corrélation et d’anticipation.
La machine tourne toujours
Le premier exploit de Snowden, celui qui lui a pris des mois, fut moins de déterminer qui viole nos droits ou pour quelle finalité, que de comprendre comment tout est identifié, connu, rassemblé, traité pour en extraire du sens et de la prévision, et finalement partagé entre les services qui sont censés en faire quelque chose. L’autre grand exploit est d’avoir réussi à sortir des données compréhensibles sur un support physique, mais aussi d’avoir contacté de grands médias (surtout le Guardian), les avoir convaincus qu’il n’était pas un mythomane, et transmis ses révélations sans se faire intercepter.
Et Snowden continue à nous avertir : attention à telle application, prenez telle précaution… Ce que nous ne ferons sans doute guère. Six ans après ses révélations, la machine tourne toujours, sans doute, dans notre connaissance impuissante de leur connexion inutile, sous Trump comme sous Obama.
Nous avons un quart de siècle de recul à la fois pour mesurer l’efficacité d’une intention et juger de sa cohérence. Ce qui pourrait se formuler ainsi : comment a-t-on « scientifiquement » défini la valeur universelle pour en faire une catégorie juridique ? Plus malicieusement : comment des représentants d’États ont-ils parlé au nom de l’humanité ou des générations futures et oublié leurs intérêts nationaux ou leurs revendications identitaires ? Plus médiologiquement : comment une organisation matérialisée (le Comité qui établit la liste, des ONG, des experts qui le conseillent…) a-t-elle transformé une croyance générale en fait pratique ? Comment est-on passé de l’hyperbole au règlement ? De l’idéal à la subvention ?
En venant briser la réputation et l’autorité d’un candidat, en venant saper les fondements du discours officiel et légitime d’un État, les fake news et autres logiques de désinformation, viennent mettre au jour l’idée d’un espace public souverain potentiellement sous influence d’acteurs exogènes.
Nos sociétés de l'information exaltent volontiers la transparence. En politique, elle doit favoriser la gouvernance : plus d'ententes clandestines, de manoeuvres antidémocratiques obscures, d'intérêts occultes, de crimes enfouis. En économie, on voit en elle une garantie contre les défauts cachés, les erreurs et les tricheries, donc un facteur de sécurité et de progrès. Et, moralement, la transparence semble garantir la confiance entre ceux qui n'ont rien à se reprocher. Dans ces conditions, il est difficile de plaider pour le secret. Ou au moins pour sa persistance, voire sa croissance. Et pourtant...
L’image de citadelle assiégée renvoyée par Madrid au moment de la crise catalane soulève de nombreuses questions, et interroge sur la propension que peuvent avoir certains acteurs politiques à tendre vers des logiques d’exception au nom d’une lutte contre une menace informationnelle et/ou pour défendre un système démocratique en proie à de prétendues attaques exogènes.